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à voir / Tunisie

HERGLA RESPIRE L'ART, un festival ambitieux et inattendu

La culture partout, même et surtout là où ne l'attend pas.

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Créé en 2014 dans une petite bourgade de Tunisie, le festival pluridisciplinaire " Hergla respire l'art " pourra, cette année, souffler ses six bougies.

Situé dans une petite ville côtière à une vingtaine de kilomètres au nord de Sousse, ce festival a des desseins pluriels. 

Il s'agit en premier lieu de proposer des activités culturelles, socio-économiques et écologiques, conçues avec et pour les collectivités locales. 

Hergla respire l'art veut aussi, de plus, encourager les associations et l'esprit de citoyenneté ; concerner les plus jeunes ; continuer, de surcroît, à décentraliser la culture - faisant en sorte que des publics très différents s'en emparent. 

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L'un des organisateurs, Marwen Arbi, souligne justement, "la valeur artistique qu'il rajoute par ses spectacles, au sein de la région". Confiante dans l'ouverture d'esprit des habitants, la manifestation veut leur faire découvrir des formes artistiques pour eux inédites, ou les inviter à de nouvelles réflexions. La cinquième édition avait ainsi inclu un spectacle de danse soufie ; tandis que la troisième s'était placée sous l'égide du thème de la transition écologique. 

Marwen Arbi note un changement positif : "L'attitude du public a changé. Il y a cinq ans, on nous percevait comme des extraterrestres, aujourd'hui les gens sont curieux de découvrir notre programmation, qui est assez atypique pour le village. Le public accepte les nouveaux concepts maintenant, il cherche l'originalité. Nous cherchons à présenter des spectacles d'une autre dimension culturelle et artistique."

De manière générale, le festival entend, avant toutes choses, véhiculer des valeurs morales fondamentales - à savoir la Tolérance, le Respect, le Savoir-Vivre ou le Partage...

La présente édition comprend un programme très varié, jonglant entre cinéma, musique, danse, théâtre ; comprenant différents ateliers - de photographie, de peinture, de journalisme, de bricolage, de percussion africaine et de jeu d'acteurs -, de même que des rencontres et débats...

Au menu, on compte, notamment, un concert de la chanteuse Myriam Laarayedh ; la pièce de théâtre "Fanni Raghman Anni"; le spectacle de musique africaine, "The African Mixture Family" ; celui, avec des percussions, de Tabbel Kerkennah ; ou, encore, la projection du moyen-métrage documentaire "Papa Hédi : the man behind the microphone" de Claire Belhassine.

dans la zone Mihigo de la commune Buhiga 
Zoom

"Majadhib" de Chiraz Bouzidi

Les femmes seront décidément mises à l'honneur, puisque le long-métrage documentaire de Chiraz Bouzidi complète aussi la programmation.

Diplômée de l'école de cinéma ESAC et ayant, aussi, suivi une formation en théâtre, la réalisatrice tunisienne a fait ses premiers pas dans la publicité, et les courts-métrages de fiction. Bouzidi a ensuite créé sa propre maison de production, Sky Prod, qui lui a permis de produire, en l'occurrence, ce premier long-métrage.

Son film "Majadhib" rend attentif à la misère criante dans la ville de Redayef, au sud-ouest de la Tunisie, où se trouve un important gisement de phosphate, et où, en 2011, a germé le fameux printemps arabe.

Bouzidi a suivi le parcours d'une troupe musicale dirigée par Mohamed Rayouna, trente ans à peine. Pour tous ces jeunes, les perspectives sont limitées - soit vendre des pigeons sur le marché de la ville ; soit entrer en transe dans des spectacles de Hadhra, et se faire payer pour cela.

"Majadhib" pérennise ces plateaux arides marquants ; et capte les soucis au quotidien de ces jeunes très précarisés. Le film ménage aussi une place à une histoire d'amour.

Matthias Turcaud

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