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OMAARSON promène son style musical inédit de N’Djamena à Ouaga, du Tchad au Gabon

À la croisée du hip-hop, du R’nB et du reggae, le tchadien Omaarson est un adepte du dancehall.

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Artiste tchadien ayant grandi en Côte d'Ivoire, Omaarson a sorti l'année dernière son premier album solo, "Révélation", en mai, et participe actuellement à un hommage rendu pour l'anniversaire de sa mort à Bob Marley dans plusieurs endroits à N'Djaména : à l'IFT comme au Centre Talino Manu (ex Ballet National) et à l'hôtel Novotel.

Son exemple atteste des nombreux écueils qui se présentent aux chanteurs et aux musiciens tchadiens, le manque criant de moyens, de budget, de communication, forçant à la débrouillardise et l'auto-financement celui qui signe et persiste dans son art...

Comment est venu ton intérêt pour la musique ?

Omaarson : Mes parents étaient mélomanes et dès mon plus jeune âge j'ai été baigné de musique. Mon père jouait et j'ai chanté à la chorale de l'église où ma mère m'a envoyé. A l'adolescence je me suis intéressé au rap, vers 1995, 1996 et j'étais dans un groupe à Abidjan. A partir de 2002 j'ai été fasciné par le reggae. J'ai voulu apporter ma touche personnelle...

Quels sont les artistes qui t'ont influencé ?

Omaarson : Fugees, Morgan Heritage, Sysla...

Peux-tu nous parler de la situation pour les chanteurs au Tchad ?

Omaarson : C'est difficile et demande une grande capacité d'adaptation. Le pays manque de studios de haute dimension ainsi que de techniciens. On souffre d'un manque de soutien, un manque également de labels et de maisons de production dignes de ce nom, il n'y a que de petits studios.

"Révélation" est une auto-production enregistrée à Ouagadougou, les musiciens sont des gens que je connaissais bien. On peut déplorer aussi le manque de vraies scènes disposant d'un matériel sonore et d'un espace convenables.

En Côte d'Ivoire, comment était-ce pour la musique ?

Omaarson : La Côte d'Ivoire est le pays d'excellence en termes de culture, la musique y est très développée, c'est le tremplin des artistes francophones et il y a tout ce qu'il faut là-bas, en ce qui concerne les structures, les plateformes, les scènes et les studios. Tout le monde y trouve son compte et, quand on a un talent, on arrive facilement à se frayer un chemin.

Qu'est-ce qui fait que tu sois resté au Tchad ?

Omaarson : Le Tchad, où je suis rentré en 2006, m'a ralenti, mais j'ai dû rester à cause de ma situation familiale.

En participant à des festivals comme Gabao Hip-Hop au Gabon, Ouaga Hip-Hop au Burkina Faso et Douala Hip-Hop au Cameroun, j'ai contribué à l'émergence d'une nouvelle musique tchadienne. Au même titre je me suis produit aussi aux Instituts Français du Congo Brazzaville, de Kinshasa au Congo et de Libreville au Gabon.

Au long de ce parcours j'ai pu obtenir des prix. On m'a exprimé de la reconnaissance et j'en suis fier, mais je suis loin encore de ce que je cherche.

Comment s'est passé l'enregistrement de ton album au Burkina ?

Omaarson : Au Burkina j'ai travaillé avec le label dudenj. L'enregistrement m'a permis de découvrir le milieu culturel burkinabé, voir les différences avec le Tchad, aussi en termes de technique musicale, comme en ce qui concerne les doublures de voix. On ne finit jamais d'apprendre, et ça m'a aguerri. Ca m'a aussi appris qu'on peut voler de ses propres ailes, et cette force m'a galvanisé.

Tu as tout auto-financé ?

Omaarson : J'ai tout payé, du studio à l'enregistrement en passant par les cachets des musiciens, les affiches, les pubs et les frais de clip. C'était fatigant, mais j'ai pu constater que la détermination peut emmener jusqu'au bout même dans un pays aussi aride où on est privé de beaucoup de choses, comme d'Internet ou de bons moyens de communication.

Quels sont les thèmes qui te font chanter ?

Omaarson : L'amour fraternel, les problèmes et les maux qui minent la société, le mariage des filles déscolarisées, la misère, les enfants dans la rue, le système policier qui malmène les gens, les conflits inutiles, les relations qui ne tiennent pas, les histoires du quotidien qui nous paralysent et nous mettent dans un mauvais état. Je ne chante pas sur l'argent ni les fesses et n'incite pas à la haine. Ce qui m'intéresse ce sont plutôt les résolutions et les solutions : que peut-on faire pour avancer ? Je chante aussi sur les femmes, je magnifie les femmes et leur beauté.

L'écriture te vient-elle facilement ?

Omaarson : Ecrire un texte dépend du thème choisi. Par exemple, si je prends la colonisation, je vais consulter des documents, des archives. Si c'est une histoire à laquelle j'ai assistée, cela ne va pas être difficile en général. Pour avoir longtemps participé à des ateliers en formation d'écriture et avoir longtemps pratiqué le rap, j'ai des réflexes et des facilités.

Comment était l'accueil à tes différents concerts ?

Omaarson : L'accueil était superbe. En 2009 j'ai eu un prix qui m'a bien aidé. L'IFT (Institut Français du Tchad) nous a fait tourner dans les différents instituts français environnants. La communauté tchadienne était très présente.

As-tu rencontré d'autres chanteurs tchadiens ?

Omaarson : J'ai fait des featurings avec Sultan, Smarty (ex Yeleen), Abdoulaye N'Dergue, des titres qui ne figurent pas dans mon album.

Malgré les difficultés du Tchad, sens-tu aussi un enthousiasme des jeunes vis-à-vis de la musique ?

Omaarson : Beaucoup de gens aspirent à faire de la musique. J'anime demain un atelier de formation à l'IFT, et quinze adolescents sont inscrits déjà, cela donne de l'espoir !

Zoom

Omaarson, adepte du dancehall

Genre pratiqué par Omaarson, le dancehall est apparu en Jamaïque à la fin des années 1970 en tant que cousine germaine du reggae avec lequel il associe de la danse africaine.

Différentes variantes existent, telles que le reggae ou le ragga dancehall au rythme plus tonique, le raggamuffin, le roots, le dub ou encore le soca dancehall.

Les artistes les plus emblématiques du dancehall sont Vybz Kartel, Yellowman et Eek-a-Mouse.

Au début des années 80 une vague de deejays féminins apparaît sur la scène dancehall : Sister Charmaine, Lady G, Lady Junie, Junie Ranks, Lady Saw, Sister Nancy ou encore Shelley Thunder.

Représentants du raggamuffin, Raggasonic et Nèg' Marrons connaissent un succès vif dans les années 90.

Le reggae dancehall francophone est quant à lui représenté par des artistes tels qu'Admiral T, Krys, Saïk, Kalash, ou Kaf Malbar.

Matthias Turcaud

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