Une si longue lettre de Mariama Bâ
Editions du Rocher / Collection Serpent à plumes Un roman culte et poignant du patrimoine littéraire africain traitant avec justesse de la femme et du poids sociétal des traditions qui l’encerclent dans un monde censé la protéger mais qui laisse perplexe.
A travers les détails de ses pensées liées à ses états d'âme de femme, de mère et d’épouse, Ramatoulaye, le personnage principal, qui vit le deuil de son mari, écrit une lettre à sa meilleure amie Aïssatou vivant à l’étranger.
La poésie qui se dégage des mots choisis par Mariama Bâ, première femme écrivaine au Sénégal, nous entraîne dans un univers qui est un peu tabou, celui des familles dans lesquelles la polygamie est présente et où cette cohabitation découlant du seul choix de l'homme de la famille, n'est pas chose facile.
Même si certaines femmes se sentent assez fortes et libres pour ne pas rester dans leur foyer lorsque cette situation se présente, le poids des coutumes et celui de la religion très présent au Sénégal pèsent dans cette lourde décision.
Les sujets tabous et le pouvoir des mots
En s’employant à pointer du doigt toutes les failles d’une société patriarcale à l’image de la société sénégalaise, Mariama Bâ interpelle le lecteur par le biais de Ramatoulaye, le personnage principal de ce roman. Nous sommes plongés dans l’intimité de cette femme dont l’histoire fait naître des débats sur le sujet de la polygamie, de l’amour et de l’amitié.
Décédée en 1981 d'une maladie grave, Mariama Bâ était une femme incroyablement féministe avant l’heure. Une si longue lettre connait un franc succès en 1979 auprès du public et des professionnels du livre. Elle obtient le Prix Noma lors de la Foire du livre de Francfort en 1980.
Une adaptation au cinéma
La cinéaste sénégalaise de renom Angèle Diabang est en passe d’adapter Une si longue lettre de Mariama Bâ au cinéma.
En effet, son projet est l’un des dix projets sélectionnés par La Fabrique Les cinémas du monde de l’Institut Français, et a été présenté en mai dernier durant le Festival de Cannes. Elle travaille depuis à la mise en œuvre de ce projet.
« J’ai relu le livre, que j’avais étudié à l’école, et j’ai décidé d’en faire un film parce que nous sommes aussi dans l’ère de l’image. Au Sénégal, par exemple, nos jeunes ne lisent plus. Porter à l’écran un roman, qui a marqué notre littérature, est une autre façon d’en parler à la jeune génération, de les amener indirectement à lire à travers l’image ». Source www.Afrik.com
Ce film sera très certainement bien accueilli par le public et permettra aux avertis de redécouvrir cette histoire sous un angle différent. La formule qui dit que « Une œuvre ne meurt jamais » trouve tout son sens dans cette initiative.
Diane N.
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