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Orchestra Baobab, les légendes sénégalaises en chair et en os

L’album Tribute to Ndiouga Dieng marque le retour très attendu d'Orchestra Baobab, groupe phare de la musique africaine.

Presque 50 ans que la formation Orchestra Baobab ne s’était pas retrouvée sur scène. Dix depuis leur dernier album, Made in Dakar.  

10 titres, un featuring avec Cheikh Lô, des artistes venus presque des 4 coins de l’Afrique (de Casamance, de la région mandingue, du Bénin...), Tribute to Ndiouga Dieng est un vrai cadeau pour nos oreilles impatientes.

La belle formation a même invité un petit nouveau, la kora. Pour le reste, des classiques en veux-tu en voilà. Et des sons qui fleurent bon l’afro-cubain et la musique traditionnelle africaine comme on l’adore.

Orchestra-Baobab-groupe

Orchestra Baobab synthétise différentes influences musicales sénégalaises et africaines, il y ajoute des influences soul et jazz, et incorpore des rythmes latino principalement cubains.

A écouter en cd, on vous promet quelques émois. Et, en live absolument !

Les 7 et 10 août 2017, Orchestra Baobab est programmé dans les festivals Fiest à Sète et Jazz in Marciac. Courez, volez, achetez vos places !

Interview de Thierno Koité, le saxophoniste du groupe Orchestra Baobab.

Africavivre : Vous venez de réaliser une tournée en Europe et votre concert de sortie d’album a eu lieu en plein cœur d’un quartier populaire de Dakar. Quel a été l’accueil de ces différents publics ?

Thierno Koité : Le public sénégalais a beaucoup apprécié le nouvel album. C’est un travail de longue haleine qui a pris trois ans de nos vies. Tribute to Ndiouga Dieng vient tout juste de sortir.

Depuis quelques temps, le public sénégalais nous demandait l’album. Il n’était pas encore sorti. Avec Internet, les gens sont au courant de tout. Heureusement, il est maintenant en vente. Il est déjà très très populaire à Dakar.

Cela faisait longtemps que l’on n'avait pas vu Orchestra Baobab et tous les concerts que nous avons donnés depuis janvier ont été très appréciés du public. Lorsque le concert finissait, le public nous demandait à chaque fois de revenir. Ça tapait du pied et des mains pour nous faire revenir.

Africavivre : Où et comment ont eu lieu l’enregistrement de l’album ?

Thierno Koité : L’enregistrement s’est fait en juin 2015 dans un studio londonien. Ndiouga, en charge de toute la partie administrative, a été hospitalisé tout de suite après son retour à Dakar. Il avait intronisé son fils un peu plus tôt avant sa mort. Nick Gold notre producteur anglais est revenu à Dakar et nous avons enregistré la fin de l’album.

Groupe-Orchestra-Baobab

Formé dans les années 1970 à Dakar, l'Orchestra Baobab tire son nom du Club Baobab où il s'est produit régulièrement jusqu'à sa fermeture en 1979.

Africavivre : Comment composez-vous habituellement ? Et comment avez-vous composé Tribute to Ndiouga Dieng ?

Thierno Koité : Balla, le chanteur, est celui qui amène les textes. A la répétition chacun met son grain de sel. C’est très démocratique. Nous discutons et parfois nous ne sommes pas d’accord mais on avance comme cela. Au bout d’un moment, tout le monde est content.

Pour notre dernier album, Balla a commencé à composer ses textes. Chaque fois qu’il les finissait il nous appelait pour qu’on les joue ensemble. Lorsqu’on a fini, on a envoyé la maquette à Nick Gold.

Balla avait eu l’idée d’ajouter une kora. Nick a trouvé que cela allait bien avec les morceaux. Il était d’accord pour qu’on enregistre.

Africavivre : Pouvez vous nous parler des morceaux ? De quoi parlent-ils ?

Thierno Koité : La plupart des morceaux sont très sentimentaux. Ils parlent d’amour. Balla parle souvent de son village natal, de sa famille. Je peux difficilement parler en son nom et il serait mieux placé pour parler de sa musique.

Les musiques sont des histoires d’anciens. Elles ont été pour la plupart composées, il y a quelques décennies. Les textes sont de Balla. Chacun amène sa pierre à l’édifice. Si quelqu’un trouve quelque chose de bien, il l’apporte.

Au départ donc, ce sont les textes de Balla. Et puis il y a aussi des textes d’Ousmane Mbaye, un Casamançais (Ndlr : né en 1920, cet auteur compositeur a connu un grand succès dans les années 1950). Ousmane connaissait bien Balla. Aussi, nous avons repris Natalia à l’origine chanté par Touré Kunda. Nous voulions rendre hommage à Ousmane.



ZOOM

Thierno Koité, saxophoniste du groupe Orchestra Baobab, à coeur ouvert

Africavivre : Quels sont les ingrédients indispensables pour concocter un bel album, selon vous ?

Thierno Koité : En tant que musicien, je dirais avoir du temps seul. J’ai besoin de cela pour trouver l’inspiration.

Africavivre : Quelle est, pour vous, la journée parfaite ?

Thierno Koité : La nuit, pas la journée, pour moi. Lorsque je suis seul, j’écoute du jazz, des morceaux de John Coltrane. J’en écoute beaucoup et après je m’arrête. Cela m’inspire.

Lorsque je trouve quelque chose qui m’intéresse, je chante, je prends mon saxophone et je joue ou j’enregistre sur un magnétophone l’air qui me plait.

Africavivre : Quel serait votre plus grand malheur ?

Thierno Koité : La mort est quelque chose d’énigmatique. C’est la seule peur que l’homme peut avoir ancré très profond en lui.

Africavivre : Quels sont vos héros préférés dans la vie réelle ?

Thierno Koité : Je suis très spirituel. Je suis musulman. C’est donc le prophète Mahomet.

Africavivre : Avez-vous une devise ?

Thierno Koité : L’armée sénégalaise a une devise que j’apprécie : " On nous tue mais on ne nous déshonore pas ! "

Africavivre : Qu’avez-vous prévu de faire demain (le jour suivant l’interview) ?

Thierno Koité : Demain, je voyage avec tous les membres d'Orchestra Baobab, nous allons à Amsterdam. Et samedi, nous sommes en concert.

Propos recueillis par Eva Dréano