Le_Bal_de_NdingaThéâtre / République Démocratique du Congo
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Le Bal de Ndinga
de Tchicaya U Tam'si, mise en scène par Pascal Nzonzi

« Indépendance tcha tcha… »

 

La petite salle de la Maison de la Poésie de Paris résonnait jusqu’au 3 juillet du texte poétique et humaniste de Tchicaya U Tam’si.

Seul sur scène avec un décor plus que sobre, Pascal Nzonzi arrive à faire vivre une kyrielle de personnages autour d’une date symbolique au Congo belge : le 30 Juin 1960, veille de l’Indépendance.

Ndinga a ce grain de folie, ce grain de folie qui le retient de se cacher pendant les coups de feu, ce grain de folie qui l’incite à dépenser des mois de salaire pour l’amour d’une femme.

A l’heure de l’indépendance, au Congo belge, quelques personnages évoluent autour d’un hôtel de passe de Léopoldville. Là-bas, Ndinga, le doux dingue, nettoie le sol, rêvant au corps de la belle Sabine, une des prostituées. Il y a aussi son ami Jean-Pierre, son patron raciste qui pue la bière belge, le sergent Outouboma qui copine avec ce dernier…

La veille du jour où le pays recouvra sa souveraineté, l’espoir et la joie sont au rendez-vous. En ce 30 Juin 1960, Ndinga chante et danse l’indépendance dans un bal jubilatoire jusqu’aux coups de feu. Ces coups de feu qui feront de lui un de ces « morts anonymes au bal de l’Espoir », ceux qui annoncent que cette liberté est déjà teintée d’amertume.

Incarnant tous les personnages de la pièce, le metteur en scène et comédien Pascal Nzonzi fait vivre le texte de Tchicaya U Tam'si avec une belle intensité. Sa voix envoûtante égrène les paroles de ce texte hautement poétique dans une mélodie tout en nuances. Une mélodie qui devient rengaine irrésistible quand Ndinga commence à chanter et danser l’indépendance, Indépendance tcha tcha !

ZOOM

Celui qui parle pour son pays

C’est en 1957 que Gérald-Félix Tchicaya (1931-1988) prend le pseudonyme de U Tam’si, « la petite feuille qui parle pour son pays ».

Comparé à Aimé Césaire, ce grand nom de la littérature francophone arriva du Congo en France à 15 ans, suivant son père député à l’Assemblée nationale. Il y fait ses études avant de s’engager à l’UNESCO.

Il s’adonne à plusieurs formes littéraires, journaliste et romancier, s'engage dans la politique, la théologie, la réforme de l’enseignement.

Vivant entre la France et le Congo dès 1960, entre les difficultés, les espoirs et les déceptions de l’Indépendance, Tchicaya U Tam’si finit sa vie en France.

La richesse de son œuvre, la profondeur de sa pensée en font un auteur à découvrir ou redécouvrir !

Mathilda Chautard