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MATTHIEU MWEHU, pour l'éclosion du mapping

Mettre en place des politiques culturelles

Après Dakar, Matthieu Mwehu projette son art sur les bâtiments de Lubumbashi.

Pour lui, le mapping est une passion. Africa Vivre l'a rencontré lors de son passage au Centre d'Art Waza de Lubumbashi en RDC.

Alors c'est quoi la vidéo mapping ?

Matthieu Mwehu : La vidéo mapping, c'est un processus qui consiste à projeter des images sur des surfaces pour animer certains édifices telles que des églises, des cathédrales, des maisons, etc. Les images sont souvent liées à des évènements. Par exemple à la période de Noël on peut animer des bâtiments en y mettant des images religieuses dessus. En gros, les images dépendent de la thématique qu'on veut exploiter. On peut aussi vouloir simplement transmettre une impression, comme donner l'impression qu'un bâtiment tremble, par exemple.

Mapping-Matthieu-Mwehu

Comment êtes-vous devenu mappeur ?

Matthieu Mwehu : Au départ, je suis animateur 2D-3D, et je faisais de la modélisation 3D comme art. Je m'intéressais aussi à l'écriture des scénarios pour les films d'animation et le cinéma. Et quand je suis allé au Sénégal, j'ai effectué une formation qui avait pour finalité de mapper la cathédrale de Dakar. La formation était en deux sessions, une partie théorique et une autre pratique. C'est là que j'ai appris comment se passe le mapping, et j'ai débuté une carrière de mappeur. À la suite de cela, j'ai suivi deux performances mapping en ligne, toujours à Dakar. Ici, au Congo, j'ai projeté une vidéo mapping au centre d'art Biasasa sur la thématique de l'asphyxie, en référence à la protection de l'environnement. Et on a eu l'idée d'accompagner ce qui a été projeté par du slam. C'était quelque chose de beau.

Dans vos projections, il y a des photos, il y a de la musique, il y a des effets qui font penser à la peinture. Où puisez-vous votre créativité ?

Matthieu Mwehu : D'entrée de jeu, il faut savoir qu'on peut mapper juste de l'animation tout comme on peut faire intervenir d'autres éléments, en fonction d'un thème donné. Par exemple, si je veux parler de l'immensité de l'océan, je vais générer certains éléments ou certaines vidéos dans la projection. Il ne faut pas oublier que le mapping, ce n'est que de la projection.

Mais une projection dont l'écran sont des architectures ou des murs particuliers sur lesquels on joue parfois avec la forme de ces architectures-là. C'est l'animation graphique qui est au centre de tout le travail. Et concernant les vidéos qu'on peut adjoindre à l'animation, on les travaille pour qu'elles deviennent projettables sur les murs et sur divers architectures. En ce sens, on utilise tous les outils, notamment l'animation graphique, le montage vidéo, la réalisation musicale. On peut aussi passer par de l'animation 2D. C'est un travail d'équipe. Il y a plusieurs artistes qui participent à la création sous la supervision d'un réalisateur général. C'est vraiment un mélange de beaucoup d'arts.

Mapping-Matthieu-Mwehu 2

Quel est votre apport au mapping dans notre contexte ?

Matthieu Mwehu : Dans d'autres villes du monde, comme à Lyon, par exemple, le mapping a évolué. Justement, grâce à la pluralité des bâtiments anciens et des églises. Mais ici, au Congo, j'aimerais que le mapping accompagne de grands événements, des festivals par exemple. On pourrait utiliser le mapping pour illuminer la ville le soir de ces événements. Et je pense qu'ici, à Lubumbashi, il faut juste qu'on commence, que les mappeurs qui existent puissent continuer à projeter, le reste viendra de soi. C'est juste une question de temps.

Quels sont vos projets d'avenir ?

Matthieu Mwehu : Je vais mapper des petites choses dans un premier temps comme la projection que j'ai tenue au centre d'Art Biasasa. Et je vais accompagner des évènements culturels juste en mappant des petits endroits pour des gens qui y sont. Je pense que je vais vraiment utiliser le mapping pour constituer un décor. Mais cela n'empêche pas qu'au besoin on se lance dans de grands projets pour mapper des grandes architectures parce que le mapping donne de la vie aux bâtiments qu'on a l'habitude de voir.

Votre dernier mot ?

Matthieu Mwehu : Continuer à croire à ce qu'on fait. C'est possible de faire des grands spectacles de mapping au Congo et en Afrique comme on le voit ailleurs. Il convient aux décideurs de mettre en place des politiques pouvant favoriser l'expression artistique dans nos sociétés. La sécurité et le transport des personnes en sont les socles.

ZOOM

Projection au centre Waza

Parlez-nous de la projection que vous avez lancez ici à Lubumbashi au centre d'Art Waza.

Matthieu Mwehu :C'était de la restitution après une formation. Mais l'idée en fait était de voir la faisabilité d'une projection mapping ici à Lubumbashi. Parce que pour projecter une vidéo mapping, il y a beaucoup de facteurs sociaux qui entrent en compte, notamment les questions liées à la sécurité des personnes, parce que le mapping se passe la nuit, il y a la question des lieux de projection et de leur accessibilité. Il faut donc que la situation du pays permette tout cela. Parce qu'on fait du mapping pour des gens et non pour soi-même.

La projection au centre d'Art Waza était une façon de rencontrer les réalités du terrain afin de voir quelle préparation nous devons avoir si l'on veut mapper à Lubumbashi.

Israël Nzila Mfumu