Albums / ouganda

NIHILOXICA, fusion libératrice

Crammed Records

Pour bien se laver les oreilles

Les batteurs aguerris du Nilotika Cultural Ensemble de Kampala, Alimansi Wanzu Aineomugisha, Jamiru Mwanje, Henry Kasoma et Henry Isabirye, et les dj Spooky-j et pq se sont associés pour un cocktail explosif et porteur de sens.

Nous avons été très envoûtés par leur musique galvanisante et débridée. Spooky-j, de son vrai nom Jacob Maskell-Key, répond à nos questions ! 

Comment votre groupe a-t-il pris forme ?

Nihiloxica : Je me suis rendu en Ouganda en 2016 avec le label Blip Discs pour un concert au Festival Nyege Nyege et une résidence dans leurs studios. C’est là que j’ai rencontré les membres de l’Ensemble Culturel Nilotica, un groupe de percussions basé à Kampala. Un an plus tard, nous avons créé Nihiloxica. A ce moment-là Pete Jones, un ami de longue date, nous a rejoints, et nous sommes restés deux ans alors que le groupe voyait le jour.


Pourquoi avoir choisi ce nom, Nihiloxica ?

Nihiloxica : Ce nom combine différentes idées. « Nilotic » se réfère au peuple indigène qui vit près du Nil et aussi au nom du groupe à partir duquel on a fondé le nôtre. « Toxique » est pour nous le regard méprisant sur le passé colonial empoisonné et l’effondrement néo-colonial de l’Afrique. Enfin, « nihilisme », parce que nous ne croyons pas à l’eurocentrisme et à un futur capitaliste.

Où trouvez-vous toute l’énergie qui innerve chacun de vos morceaux ?

Nihiloxica : A travers les convictions qui nous animent et que j’ai citées plus haut.

Nihiloxica-en-concert-Will-Leeming

Nihiloxica en concert. Crédit : Will Leeming

De quelle manière travaillez-vous ensemble ?

Nihiloxica : Chacun apporte différentes idées, mais ensuite nous composons les morceaux ensemble. Nous avons des points de départ différents. Isa va par exemple nous apporter un rythme busoga, qui vient de l’est de l’Ouganda, et ensuite nous arrangeons notre propre version. Ou alors Pete va composer un rythme basé sur un riff meshuggah et nous trouvons ce que jouent les percussions à partir de là.

Quels artistes africains vous ont-ils notamment inspiré ?

Nihiloxica : C’est une question très large ! Dernièrement, nous avons composé un morceau inspiré par la Mwel Bola, une danse royale Acioli, région du nord de l’Ouganda.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur Nyege Nyege Records ?

Nihiloxica : Nyege Nyege Tapes est un label basé à Kampala, l’Ouganda ayant l’habitude de faire découvrir une grande partie de la musique expérimentale africaine. Notre label habituel, Crammed Discs, se trouve à Bruxelles et a fait connaître des musiciens de pays très divers depuis les quarante-deux dernières années.

Pourquoi avoir intitulé votre album « Kaloli » ?

Nihiloxica : C’est le nom ougandais de l'oiseau marabout ou oiseau-croque-mort, qu’on voit souvent dans les zones de forte densité (ndlr : et près de déchets, comme on peut le voir sur l'affiche de l'album). Nous trouvons que cet animal représente bien notre musique, très présente mais pourtant sous-représentée à l’intérieur du pays.

Kaloli Nihiloxica

Où trouvez-vous votre inspiration ?

Nihiloxica : En écoutant et en jouant une grande quantité de musique d’origine très diverse.

Etes-vous content avec la manière dont le public réagit à votre musique ?

Nihiloxica : Oui, même si nous voudrions plus de pogos.             

Que comptez-vous faire ensuite ?

Nihiloxica : Actuellement, nous travaillons déjà à notre prochain album, et nous organisons notre prochaine tournée de l’été. Corona oblige, il y a eu beaucoup de reports, mais nous sommes très motivés pour de nouvelles aventures !

Remerciements chaleureux à Spooky-j et David Beaugier. Propos traduits de l'anglais par Matthias Turcaud.

ZOOM

Le paysage musical de Kampala

Quelles sont vos impressions du paysage musical de Kampala ?

Nihiloxica : Comme dans beaucoup d’endroits, la musique pop est très commercialisée, on trouve aussi beaucoup d’afrobeat, de reggae jamaïcain et du dancehall.

La scène plus underground inclut Luga Flow, du rap ougandais, et de la musique club notamment avec les collectifs Nyege Nyege.

Matthias Turcaud