Namibie, le génocide du IIe Reich d'Anne Poiret

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Namibie, le génocide du IIe Reich
d'Anne Poiret
Bo travail ! avec la participation de France Télévisions
Génocide : la répétition générale a eu lieu en Namibie au début du XXe siècle.

 

Le sujet est chaud. Brûlant même car il n'est pas sans conséquence aujourd'hui sur les relations de l'Allemagne avec la Namibie qui fut sa colonie jusqu'en 1915.

Suite aux accords de la conférence de Berlin en février 1885, les puissances européennes se partagèrent la colonisation de l'Afrique. La Namibie tomba alors dans l'escarcelle de l'Allemagne qui la colonisa sous la forme d'un protectorat.

A partir des années 1900, en dépit d'un traité de paix et d'assistance qui ne fut jamais réellement appliqué par l'Allemagne, la pression du gouverneur allemand Heinrich Göring (père d'Hermann Göring, ministre d'Adolf Hitler) et des colons s'accentua.

Elle provoqua en 1904 une révolte plus marquée des Hereros, ethnie d'éleveurs riche de 80 000 personnes et des Namaqua, une ethnie de moindre importance. Ces populations n'avaient jamais accepté l'occupant se révoltant sporadiquement contre le protectorat germanique.

Il est vrai que les méthodes coloniales utilisées n'étaient pas spécialement tendres, à quoi il fallait ajouter le travail forcé pour la construction des lignes de chemin de fer et la fin de l'esclavage privant du coup les Hereros des Damaras, ethnie leur servant traditionnellement de réservoir d'esclaves.

Leur chef, Samuel Maharero, mena en janvier 1904 une guerre de harcèlement : sabotage des voies de chemin de fer, mise à sac de fermes tenues par des colons et massacre de ces derniers avec leur famille… tout ceci ne pouvait rester impuni.

Le général Lothar Von Trotha débarqua avec une troupe de 15 000 hommes et mena une répression impitoyable.

En août 1904, à la bataille de Waterberg, il encercla les troupes Hereros en ne leur laissant comme seule issue la fuite dans le désert du Kalahari où les points d'eau avaient été préalablement empoisonnés.

Pour compléter le tableau il installa des postes de garde en leur donnant l'ordre formel d'abattre tout Herero quel que soit son âge ou son sexe : « Chaque Herero trouvé à l’intérieur des frontières allemandes, armé ou non, en possession de bétail ou pas, sera abattu ».

Ce fut un massacre systématique que certains estiment entre 25 000 et 40 000 morts (d'autres parlent de 60 000 victimes)

S'inspirant des méthodes britanniques en Afrique du Sud, les survivants furent parqués dans des camps de concentration et moururent de travail forcé, de maladie et de faim.

Ils subirent aussi des expérimentations médicales et anthropométriques destinées à alimenter les recherches scientifiques sur les races, toutes choses qui furent les caractéristiques des camps de la mort de la seconde guerre mondiale. Un certain nombre de crânes furent d'ailleurs envoyés à Berlin à titre documentaire. Leur restitution pose problème encore aujourd'hui.

Ce qui est certain est que la population des Hereros en 1911 est officiellement de 15 130, ce qui représente donc une diminution de l'ordre de 65 000 personnes en sept ans.

Les méthodes utilisées, rationnelles, statistiques, planifiées et faisant l'objet de compte rendus précis seront les caractéristiques des massacres à venir.

En 1905, la population allemande indignée, ayant appris les exactions de son armée en Namibie, fit pression et obligea le chancelier Von Bulow et le Kaiser Guillaume II à démettre Von Trotha.

Si ce type d'exactions se reproduisit dans d'autres régions d'Afrique comme au Tanganika, le massacre des Hereros et des Namaqua par son côté systématique et planifié est emblématique des massacres à venir et reste dans l'histoire comme le premier génocide des temps modernes.

 

Sur France 5, dimanche 27 mai à 22 heures.

 

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La Grande-Bretagne, la guerre des Boers et les camps de concentration

Au tout point de départ, ce fut la Grande-Bretagne qui expérimenta lors de la seconde guerre des Boers en Afrique du Sud, les camps de concentration en y parquant près de 120 000 Boers (et autant d'Africains noirs) principalement femmes, vieillards et enfants.

Les conditions de vie étaient déplorables : sous-nutrition chronique, travail forcé, absence de soins médicaux, locaux insalubres.

Tout était en place pour que le taux de mortalité des prisonniers fut optimum ; plus de 27 000 Boers  (principalement des femmes et des enfants) et près de 15 000 noirs moururent dans des conditions atroces.

Cette guerre s'acheva en 1902. Elle fut l'annonciatrice des grands massacres du XXe siècle.

Rédigé par 2Biville

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