Romans / mozambique

La Confession de la lionne de Mia Couto

Editions Métailié

« Jusqu'à ce que les lions inventent leurs propres histoires, les chasseurs seront toujours les héros des récits de chasse » Proverbe africain

Entrer dans l’œuvre de l'écrivain lusophone Mia Couto, c'est plonger dans un Mozambique ensorcelant, où les frontières entre réalité, mythes et croyances se télescopent dans une langue envoûtante pour dire un monde, souvent chancelant, brisé par les guerres et la faiblesse des hommes, et la difficulté d'y trouver sa place.

Des lions mangeurs d'hommes attaquent des villageois à Kulumani, bourgade isolée et imaginaire du Mozambique. Afin de remédier à ce terrible maux, les autorités dépêchent de Maputo le chasseur Arcanjo.

Accompagné d'un écrivain avide de rendre compte de cette chasse, ce dernier s'interroge sur la nature de la menace : vient-elle réellement de l'extérieur ? Les villageois ne sont-ils pas les animaux mêmes qu'ils prétendent chasser ?

Mia-Couto

En plus d'être l'un des auteurs les plus importants du Mozambique, Mia Couto est aussi l'écrivain le plus traduit dans le monde.


C'est qu'Arcanjo se trouve très vite pris dans les relations complexes de la communauté. Alors que les traditions et les superstitions régissent la vie sociale du village, une sourde hostilité affecte les relations entre les hommes et les femmes. Mariamar, sœur de la dernière victime, qui est considérée comme un peu fêlée par les siens, a aussi son idée sur ses attaques...

Les deux voix du chasseur et de la jeune femme alternent, au fil des chapitres, pour nous raconter cette traque, réceptacle des fantasmes et des frustrations des habitants.

S'inscrivant dans la veine du réalisme magique, dans une langue poétique et luxuriante, La Confession de la lionne, le nouveau Mia Couto est une magnifique fable qui peint une vision politique et sociale à l'intérieur d'un univers qui tombe en ruine : la domination implacable sur les femmes et la misère des hommes.

D'aucuns dans ce village vous diront que le « le vrai nom de la femme est oui ». Mais dans ce roman traversé par une cosmogonie féminine, une force affleure avec Mariamar, dont la première arme est la parole.

Un grand texte par un illusionniste des mots !

ZOOM

La confession de la lionne, « inspirée de faits et de personnages réels »

Le canevas du roman est directement inspiré de l'expérience de l'auteur, de ses visites fréquentes sur le théâtre du drame.

En 2008, au nord du Mozambique, à Palma, des attaques de lions contre des personnes sont signalées.

Des chasseurs expérimentés sont engagés tandis que le nombre de victimes augmentent. On approche la trentaine de morts.

Il faudra deux longs mois pour tuer ces lions assassins.

Sarah Gastel