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SKY WHITE, DJ mozambicain très prometteur

De la marrabenta aux platines...

Inscrire le Mozambique sur la carte des disc jockeys !

De son vrai nom Lenilson Dos Santos, le jeune mozambicain DJ White ne ménage pas ses efforts ni son énergie pour faire parler de son pays et exporter sa musique.

Rencontre avec un producteur et DJ déterminé, à l'occasion de la sortie du titre "Children of Today", énergique et envoûtant à souhait...

Pourquoi être devenu DJ ?

Sky White : Par passion. Depuis mon plus jeune âge, le feu de la musique brûle en moi, et il me tient à cœur de faire vibrer et de fédérer les gens à travers la musique.

Ecoutiez-vous beaucoup de musique, enfant ?

Sky White : Oui ! En particulier de la marrabenta, musique propre au Mozambique. Ce style m’a toujours impressionné et avait pour effet d'apaiser mon âme.


Où trouvez-vous l’inspiration ?

Sky White : Notamment en écoutant d’autres rythmes et d’autres musiques, différents des miennes.

Comment travaillez-vous avec le label Afrocentric ?

Sky White : On utilise surtout les réseaux sociaux pour communiquer et partager du contenu, la collaboration se passe très bien. J’ai du plaisir à travailler avec Afrocentric. On peut dire qu’Afrocentric Records a été un tournant dans ma carrière. L’équipe fait tout ce qu’elle peut pour produire un travail de qualité, et j’apprécie beaucoup toute la patience, toute la confiance et tout l’amour qu’ils prodiguent.

Où trouvez-vous l’énergie que votre métier vous demande ?

Sky White : L’énergie qui irrigue mes morceaux vient de mes objectifs élevés et de ma ferme volonté d’améliorer mon savoir-faire, de grandir, d’être reconnu et de montrer que le Mozambique ne manque pas de DJ talentueux.

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Quels musiciens et DJs africains vous inspirent-ils en particulier ?

Sky White : Alors, je vais faire un top 6 spontané sans hiérarchie (rires) ! Da Capo, Black Coffee, Xtetiqsoul, Edvan Allen, Enoo Napa et Kususa m’inspirent au quotidien, et j’ai eu la joie de travailler avec certains d’entre eux.

Comment décririez-vous le Mozambique en quelques mots ?

Sky White : Le Mozambique est une vraie mosaïque ! Nous comptons 11 provinces, et chacune a une culture magnifique. On peut parler aussi du climat tropical et des plages incroyables. Le Mozambique me fascine beaucoup avec sa culture chaude et riche en couleurs.

Qu’est-ce que la musique vous a apporté ?

Sky White : La musique pimente et sublime mon quotidien ; je n’étais pas en train de mourir, mais je peux dire qu’elle a sauvé ma vie (rires). J’ai appris à exprimer mes sentiments par l’art, à partager mes pensées et mes idées avec un public élargi. Grâce à la musique, j’ai pu aussi nouer beaucoup de superbes amitiés.

Comment avez-vous vécu le confinement ?

Sky White : Cela a été une situation très contraignante et douloureuse à l’échelle mondiale, mais, à titre personnel, je peux dire que le confinement a été fructueux. J’ai en effet pu créer quelques nouveaux morceaux. J’ai également terminé des projets commencés avant la pandémie, et j’ai aussi réfléchi à la manière d’utiliser davantage Internet, pour braver les obstacles liés à la distanciation sociale et aux mesures sanitaires mises en place.

Sinon, j’ai aussi acquis de nouvelles compétences pour produire d’autres sons, avec une recette spéciale que j’ajouterai à mes futures productions. Préparez-vous-y les amis !

Quels autres projets nourrissez-vous ?

Sky White : Je veux montrer qu’en dépit des difficultés que nous affrontons, il est toujours possible de travailler et de viser l’excellence. Mes objectifs n’ont pas changé. Dans les prochains mois, je veux toujours continuer à progresser, et réjouir le plus possible d’auditeurs avec d’autres mix qui vont paraître très vite !

ZOOM

La marrabenta, indissociable du Mozambique

Née dans le sud du Mozambique à l'aube de la seconde guerre mondiale, en particulier dans le quartier Mafalala de la capitale Maputo, la marrabenta propose un mélange de styles détonant, entre influences cubaines, sud-africaines, européennes et locales.

Dans le pays, la marrabenta a acquis un statut indéboulonnable. Policarpo Dias, directeur du Conjunto Djambo, un des orchestres les plus anciens du Mozambique et toujours actif, déclare à son propos : "C'est la carte d'identité de notre pays".

Selon certains, le nom viendrait du mot portugais "arrabentar", qui veut dire "casser", voire "exploser". Policarpo Dias explique : "Arrabentar, c'est jouer avec une telle vigueur et une telle émotion que les fils de la guitare explosent !". Il faut dire que les instruments consistent souvent de morceaux de bois, de fils de pêche et de boîtes de conserve !

La danse afférente consiste sommairement à poser une main sur la tête, une main sur la hanche, faire deux pas à gauche, puis deux pas à droite, et, surtout, à remuer le postérieur de manière suggestive et endiablée. Dilon Djindji, représentant emblématique du genre, ne s'en cache d'ailleurs pas : "La marrabenta, c'est le dépucelage des femmes !"

Il s'agit cependant aussi d'une musique contestataire et subversive sur le plan politique, faite pour résister aux colons. Les paroles sont en portugais ou en changena. La popularité de la marrabenta n'a pas décliné avec les décennies, et un festival lui rend hommage au Mozambique depuis 2008.

Matthias Turcaud