Mamani Keïta, souveraine en son royaume
World Village Dans ce premier album solo, Mamani Keïta apparaît entière, indépendante et engagée. Elle règne en son royaume fait de rythmes traditionnels mandingues qu’elle enveloppe de sa voix éclatante et mélodieuse.
A travers ses compositions, elle se confie. Elle parle de ses convictions, ses engagements, ses amours et désamours.
Dougalé est un morceau de soutien aux enfants de la terre. Djigihia une ode à l’espoir. Deliko invoque les êtres et les maîtres qui lui ont appris la musique et la vie. Dans Dounia et Anissu, elle replace les grands de ce monde face à leur responsabilité.
Elle a travaillé les mélodies avec Djeli Moussa Kouyaté – ancien guitariste du magnifique Rail Band de Bamako. L’album est enregistré en live et est réalisé par Marc Antoine Moreau (Amadou & Mariam).
Après quelques fricotages l’amenant à fusionner sa musique avec l’electro, le rock et le jazz, avec Kanou, nous plongeons en plein territoire mandingue. Accompagnée de Djeli Moussa Kouyaté, de Moriba Koïta (ayant collaboré avec Salif Keita, Manu Dibango, Mory Kanté), au n'goni et de Madou Koné aux percussions, elle est une digne héritière de la lignée malienne. Lignée détentrice d’un sacré monopole dans le monde de la World music.
Guitare électrique, réverb’ et n’goni entêtant au front, la voix impériale de Mamani guidant chœurs et instruments, tel un général d’armée, prend toute son ampleur.
« L’album Kanou (…) tisse fils, dentelles et rubans mélodiques, qui s’enroulent autour du feulement vocal et des choeurs de Mamani Keïta comme des pièces d’étoffes savamment découpées et intriquées. » La métaphore textile est en effet parlante. Avec minutie, cet album assemble mélodies et rythmes pour former une seule et même étoffe fine. Un tissu imprimé de fleurs luxuriantes dont semble se parer avec majesté et élégance Mamani sur la couverture de l’album Kanou.
Engagée et indépendante
Au Mali, une Keïta ne doit pas embrasser la carrière musicale. Adolescente, elle gagne le prix de soliste à la Biennale artistique de Bamako. Plus tard dans les années 1990, elle part en France aux côtés de Salif Keïta. Elle s’y installe clandestinement. Sa grand-mère lui avait prédit une vie faite d’aventure. Une vie semée d’embûches, aurait-elle pu ajouter. Mais cela n’a jamais empêché Mamani Assitan Keïta de toujours porter son regard vers l’avenir.
Choriste aux côtés de Salif Keïta, de DeeDee BridgeWater, du pianiste Hank Jones et du multi-instrumentiste Cheick Tidiane Seck, elle se consacre aujourd’hui à son travail en solo.
Kanou signifie amour en Bambara. A ce sujet, Mamani précise qu’elle aime ceux qui l’aiment plus que l’or et l’argent. Cette incitation à partager et à aimer, nous l’acceptons tout en écoutant l’album avec délectation et ferveur.
Eva Dréano
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