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Mamadou Kelly, roi de la folk malienne

2013, la musique malienne est à l’honneur. Mamadou Kelly sort du lot et crée la surprise avec son premier album solo, Adibar.

Aux creux de boucles musicales lancinantes et mélodieuses, laissez-vous porter. Direction le nord Mali, au cœur du Delta du Niger.

Printemps 2013, Mamadou Kelly enregistre Adibar à Bamako. Quatre musiciens. Douze titres. Le résultat ? Une belle évocation de la tradition musicale de la région sahélienne, entre Goundam et Niafunke. Lieu d’émergence du fameux blues du désert dont Tinariwen et Bombino sont les dignes ambassadeurs actuels.

Connu pour ses projets aux côtés d’Afel Bocoum et d’Ali Farka Touré, Mamadou est aujourd’hui au centre de ce nouveau projet aux multiples facettes.

Son morceau Fissa Maiga est lent et mélancolique. La guitare et la voix chantée y sont très présentes. On pense à Ali Farka Touré.

Les morceaux MahinDjené et Adibar sont de belles mélopées qui instantanément se gravent dans votre mémoire. Une caractéristique commune aux artistes du nord Mali, semble-t-il : cette capacité à composer des airs qui peuplent votre esprit et le fait voyager dans des contrées imaginaires lointaines. Pour s’en convaincre ré-écouter Ali Farka Touré, Vieux Farka Touré, Afel Bocoum, Tinariwen, Bombino, etc.

Mamadou-Kelly

Hommes et instruments s’entremêlent harmonieusement. L’osmose entre Mamadou Kelly et ses musiciens est palpable.


Lancinante, répétitive, hypnotique, et ensorcelante. Il est possible que ces mots vous viennent à la bouche à l’écoute de cette musique.

Calme et néanmoins puissante, la voix de Mamadou Kelly raconte une histoire millénaire. Elle est parfois accompagnée des voix barytons d’Alpha Ousmane Sankaré et de Brehima Youro Cissé. La calebasse maintient la cadence et rythme le récit de Mamadou. Les instruments à cordes - la guitare, la guitare basse, le violon monocorde et la petite mandoline (aussi nommée djerkel) - tels des chœurs, accompagnent et soutiennent les voix. Une envoûtante polyphonie s’installe.

Hommes et instruments s’entremêlent harmonieusement. L’osmose entre les artistes est palpable. Leur manager est l’un des représentants américains du Festival du Désert, Christopher Nolan, précise d’ailleurs à ce propos : " Ils aiment beaucoup prendre soin les uns des autres. C’est identique lorsqu’ils sont sur scène : ils ne font alors plus qu’un ! ".

La situation au nord Mali est encore aujourd’hui très orageuse. Depuis 2012, la majorité des formes d’art et de culture y sont bannies. En 2013, le Festival du Désert a été annulé. Peu de temps après, en pied de nez à cette culture du néant, le Festival renaît de plus belle sous le nom de la Caravane de la paix. Il part en tournée en Europe et aux USA. Le message de tolérance et le concept de Festival ambulant sont portés par trois groupes du nord Mali : Tartit, Imharhan et Mamadou Kelly.


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Mamadou Kelly - Gouè ini Bongossè, single de l'album Adibar


ZOOM

Mamadou Kelly, héros à la guitare.

L'opus Adibar de Mamadou Kelly est assurément folk. Egalement blues.

Et absolument, à la confluence de différents courants traditionnels. Il réunit les rythmes des ethnies bambara, peulh, fulani et touareg.

Héros à la guitare en bandoulière, en réalisant Adibar, Mamadou Kelly fait œuvre politique et se positionne en faveur de la paix entre les peuples.

Eva Dréano