Films / guinée

Cheick Fantamady Camara, un cinéaste passionné et combatif

Cheick Camara a la passion du cinéma chevillée au corps. Rencontre avec ce cinéaste talentueux qui nous avait enchanté avec Il va pleuvoir sur Conakry et qui est sur le point de terminer son second long-métrage.

Africa Vivre : Comment avez-vous vécu le très bon accueil réservé à votre film " Il va pleuvoir sur Conakry " par les festivals, les critiques et les personnes qui ont eu la chance de le voir ?

Cheick Fantamady Camara : Cet accueil m'a donné envie de continuer malgré les difficultés rencontrées pour mener à bien ce premier film. J'ai aussi beaucoup appris sur les problèmes liés à la distribution, " Il va pleuvoir sur Conakry " n'a pas eu la chance de bénéficier d'une sortie en salles suffisante. On se heurte à un problème d'image : le cinéma africain est encore considéré comme un cinéma de seconde zone, qui va faire fuir les spectateurs. Il est grand temps que ca change.

Vous avez donc enchaîné sur le tournage de votre second long-métrage.

Cheick Fantamady Camara : Et les difficultés financières ont été encore plus importantes malgré les vingt prix gagnés par " Il va pleuvoir sur Conakry " dans les festivals. Cela va faire quatre ans que j'ai démarré Morbayassa, le titre de mon nouveau film, quatre ans, c'est long car j'ai beaucoup d'autres projets en tête, des scénarios déjà bien avancés. Mais ce qui compte, c'est que ce film soit de qualité et je pense tout boucler d'ici la fin de l'année avec l'aide de mes techniciens.

Cheick-Fantamady-Camara

C'est à La fémis, école nationale supérieure des métiers de l'image et du son, à Paris que Cheick Fantamady Camara apporte un soin tout particulier aux derniers réglages de son film Morbayassa. 


Vous avez fait appel au site Touscoprod ?

Cheick Fantamady Camara : Malgré un financement personnel, celui du Val-de-Marne et de la Francophonie, il me manquait de l'argent pour monter et mixer le film. Avec Touscoprod et je remercie les soixante-quatre coproducteurs, j'ai réussi à trouver dix mille euros supplémentaires.

Le film est-il dans la même veine que " Il va pleuvoir sur Conakry ", divertissant et engagé ?

Cheick Fantamady Camara : C'est le cinéma que j'aime faire, on va au cinéma pour se divertir et c'est par le divertissement qu'on fait passer un message. C'est un film social, humain qui raconte l'histoire d'un femme rattrapée par son passé. Elle est obligée de s'y confronter pour avancer, pour se libérer. Elle part donc à la recherche de sa fille qui a été adoptée à quatre mois par un couple de Français. Sa fille a dix-sept ans, vit à Paris, les retrouvailes sont douloureuses mais ne vous inquiétez pas il y a de l'action, du soleil et de l'humour.

Le rôle principal est joué par Fatoumata Diawara. Comme s'est passé le tournage ?

Cheick Fantamady Camara : Je connais bien Fatoumata, elle a joué dans " Il va pleuvoir sur Conakry " et je savais que tout se passerait bien. C'est agréable de travailler avec elle, elle est gentille comme un agneau et une vraie pro.

Vous n'avez une nouvelle fois pas tourné en 35 mm ? Vous êtes un adepte du numérique ?

Cheick Fantamady Camara : Je pense que c'est un combat d'arrière-garde, ce qui m'intéresse, c'est de raconter une histoire, peu importe les moyens et le numérique facilite les choses et offre aux Africains un accès plus facile au cinéma.

Vous terminez actuellement le montage de votre film à La femis, vous qui êtes un autodidacte du cinéma, comment vivez-vous cet immersion au sein de cette fameuse école de cinéma ?

Cheick Fantamady Camara : Je n'ai qu'une envie, c'est de voler cette école et de l'implanter en Afrique, les conditions ici sont tout simplement fantastiques. Ca va venir un jour en Afrique.

ZOOM

Les influences cinématographiques de Cheick Fantamady Camara

Cheick Camara partage avec Sylvestre Amoussou le goût pour un cinéma divertissant et engagé, il reconnaît d'ailleurs une proximité amicale avec le Béninois.

Il est comme beaucoup très admiratif devant les pères du cinéma africain que sont Sembène Ousmane et Djibril Diop Mambéty.

Mais c'est surtout une formation sur le terrain qui lui apportera son style, sa touche, et le bonheur de faire un métier qui le rend heureux quel que soit le prix à en payer...

Maxime Bonin