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La couleur de l'Afrique, déclaration d'amour de PIERRE AKENDENGUE

Lusafrica

Le 21ème album de l'iconique Pierre Akendengué vient de paraître le 9 novembre dernier chez le label Lusafrica.

Quarante-quatre ans après "Nandipo", cinq ans après "Destinée", le septuagénaire gabonais sort un nouvel EP. 

Si l'album de quatre titres seulement peut sembler modeste au premier abord, il n'en est rien au fond. Force est de constater que, malgré les années, le chantre gabonais n'a rien perdu de sa faconde, de ses combats et de son acuité.

Il n'a rien perdu non plus de sa poésie et, comme chez les plus grands poètes, cette poésie a l'apanage de la simplicité.

La-Couleur-de-l-Afrique-Akendengue

Pierre Akendengué continue donc encore à creuser le sillon qu'il avait commencé à explorer en 1974 : "J'aime la couleur de l'Afrique de ma chanson / Ma chanson n'a pas de frontières / L'Afrique n'a pas de frontières / Du côté de l'amour."

Pour les esprits cyniques cette chanson pourra paraître mièvre, n'y a-t-il pourtant rien de plus vrai ? L'amour et l'abolition de frontières ne sont-ils pas les buts à rechercher ?

La voix chaude d'Akendengué, accompagnée comme à l'accoutumée par des chœurs féminins caressants, apaise, adoucit et appose comme un baume salutaire sur les cœurs meurtris par les exactions et les guerres.

Dans cet album de la maturité, Akendengué allie lyrisme et politique et mêle le français à sa langue natale, le myéné.

La chanson "Deux-Mocrates", avec son titre éloquent, reprend le "J'accuse" de Zola ; alors que "Lettre à Laurent Gbagbo" adopte aussi un ton revendicatif et militant.

"La Couleur de l'Afrique", au nom bien choisi, invite au panafricanisme et à un voyage transversal dans ce continent. Cette "couleur de l'Afrique", on la retrouve sur la jolie pochette de l'album où un parapluie rose frappe et détonne.


ZOOM

Quelques albums de Pierre Akendengué

Son premier disque, "Nandipo, sorti en 1974, était axé autour de son enfance.

Le deuxième, "Africa Obota" a remporté en 1976 le "prix de la jeune chanson française" au Midem de Cannes. 

En 1983, l'album "Mando", auquel participe une trentaine de musiciens, a la particularité de ne contenir que des chansons en myéné.

En 1989 "Espoir de Soweto" dit sa volonté de voir cesser l'Apartheid. 

"Lambarena", enfin, sorti en 1994, est un autre album notable, véritable point d'orgue de la carrière d'Akendengué et rencontre entre des cantates de Bach et des chants équatoriaux réunissant 250 chanteurs gabonais et une cinquantaine de musiciens classiques français.  

Matthias Turcaud