Expos / ethiopie

Exposition Lumières d'Afriques à Addis-Abeba

Après Paris pour la Cop 21, Abidjan, Dakar et Genève, l'exposition « Lumières d'Afrique » s'installe dans l'écrin de l'Union africaine d'Addis-Abeba.

Autour du thème de la lumière décliné de manières diverses, 54 artistes de 54 pays différents ont mobilisé leur talent pour se faire les baromètres de l'Afrique d'aujourd'hui dans laquelle la question de la lumière s'avère centrale.

Noah Mduli du Swaziland l'assimile ainsi même à l'eau, en greffant une ampoule à un robinet dans son œuvre appelée "Turning on the Light".

Comme le souligne le Rwandais Ephaphrodite Binamangu, « Lumières » comme « Afriques » sont dotés d'un « s », pour bien faire rayonner le nombre comme la versatilité de ces lumières, et cette impression indéfectible de soleils au pluriel.

Les créateurs sollicités se sont emparés du thème tantôt de manière métaphorique, tantôt de manière plus concrète.

La Lumière, ça peut autant être un générateur électrique ou une ampoule chez Emeka Okereke qu'une carte d'Afrique chez Hervé Youmbi ou un couple d'amoureux qui se sert la main au Burundi pendant une manifestation chez Teddy Mazina ; autant métaphysique qu'émanant d'un ordinateur dans un cyber-café de fortune au Burkina chez Nyaba Leon Ouedraougo.

Light-Switch-Emeka-Okereke

"Light Switch" d'Emeka Okereke (Nigéria)

Bien des fois, elle est ténue, évanescente. Cachée dans un tiroir – chez la Marocaine Jamila Lamrani - ou ne tenant qu'à un fil : il faut s'y accrocher, comme si on s'appelait Ariane.

Souvent elle se fait rare. Dans la mosaïque de douze clichés du Tchadien Abdoulaye Barry, où un élément visible se dégage furtivement de la noirceur ambiante : tel visage de jeune fille, telle moto dans la nuit, telle silhouette devinable à moitié.

La peinture du Liberian Leslie Lumeh est pareillement toute grise : uniquement les hommes et les femmes ont été dotés de couleurs. Ce sont eux les vecteurs de clarté.

The-Light-Within-Leslie-Lumeh

"The Light Within" de Leslie Lumeh (Liberia)

Plusieurs œuvres soulignent aussi que la lumière est à venir. Il n'est pas anodin que trois des œuvres s'appellent "The Future", une autre "The Next Future".

On peut, semble-t-il, beaucoup attendre de ce continent et de sa bouillonnante jeunesse, si tant est qu'on lui donne les moyens de réussir. L'Erythréen Ermias Ekube met ainsi l'accent sur l'importance de l'éducation dans sa photo "Electricity is a Poetry of Science", dans laquelle sont représentés six élèves, bâtisseurs de l'Afrique de demain.

Pour illustrer ce thème, les artistes ont déployé une palette très variée. Entre photos simples ou multiples, peintures, installations, collages, sculptures serties de matériaux recyclés, cartes, un montage numérique ou encore une vidéo, ils ont fait feu de tout bois.

La-Foret-illuminee-Herve-Youmbi

"La Forêt illuminée" d'Hervé Youmbi (Cameroun)

Une fourchette, une canette, des briquets, un rétroviseur ou encore un ventilateur peuvent ainsi trouver leur place, comme chez le Kenyan Cyrus Kabiru ou le Béninois Aston.

Les différents peintres, sculpteurs et installateurs s'approprient ce thème et lui confèrent beaucoup de force. On peut le voir, par exemple, avec Naziha Arebi. Des bougies renversées dans le sable libyen disent plus de choses que tout un long discours.

L'exposition convainc ainsi de la créativité de la scène artistique africaine contemporaine qui, si l'on veut bien en croire cet irradiant panorama, se dérobe à toute schématisation hâtive.

Merci à Augustin Perraud pour les photos.

ZOOM

Les mécènes de l'exposition Lumières d'Afrique

L'exposition a été rendue possible par la fondation African Artists for Development, créée par Gervanne et Matthias Leridon en 2009 et l'Union africaine, avec le soutien de Schneider Electric Foundation et les consultants en communication de TILDER.

Matthias Turcaud