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Etienne Mbappé, troubadour du jazz

Pour lui, la musique est un langage universel

Jusqu'au bout de ses doigts gantés, Etienne Mbappé est jazz et instrumental. La nouvelle création décapante de Marielle Pinsard ! 

Il a accompagné les plus grands mais n’en oublie pas pour autant l’essentiel : transmettre son savoir, créer une musique universelle, être porteur de joie et de vie...

Son inspiration puisée aux quatre coins du monde, il revient à l’automne 2016, avec l’album How near, How far. Le groupe The prophets l’accompagne.

Interview de l'artiste aux gants noirs.

Africavivre : Vous sortez à l’automne 2016 avec le groupe The prophets, l’album « How near, How far ». Dans quel état d’esprit avez-vous conçu ce nouvel opus ?

Etienne Mbappé : J’avais déjà sorti plusieurs albums solo avant celui-là mais c’est mon premier album à être autant instrumental. Je voulais changer de style, que ma musique soit moins chantée.

Avec Su la take’s Band, mon groupe précédent, ma musique était très vocale. Les musiciens de The prophets et moi avons travaillé pour revenir à quelque chose de plus instrumental, plus jazzy. Sur ce onze titres, il n’y a qu’un seul morceau chanté.

Etienne mbappe the prophets

Africavivre : Qu’a de particulier la formation The prophets qui vous accompagne ?

Etienne Mbappé : Je suis à la basse. Il y a un batteur, un guitariste, un pianiste, un saxophoniste, un violon et une trompette. J’ai fait des arrangements spéciaux pour ce groupe.

Ce que la formation a de particulier ? Certainement sa section cuivre. J’ai plutôt opté pour le violon et cela m’a amené à avoir une touche plus orientale, nord-africaine dans les sons.

Africavivre : Votre musique est traversée par de nombreuses influences. Pouvez-vous en parler ?

Etienne Mbappé : J’ai beaucoup voyagé. Quand je voyage, je rencontre beaucoup de gens. Ces rencontres m’inspirent. Mes découvertes aussi. J’écoute ce qui se fait sur place. Lorsque je rentre, j’intègre dans mes compositions ces différentes saveurs et couleurs.

Ces influences sont d’ailleurs plus perceptibles lorsque la musique est instrumentale. Avec une mélodie on peut plus facilement exprimer des influences...

Africavivre : Vous jouez de la basse avec des gants. Pourquoi ?

Etienne Mbappé : Les gants donnent à ma musique une sonorité spéciale. Ils épaississent mon son. Le son est plus gros, plus feutré. Mes cordes sont préservées de la transpiration. Le son est très différent avec.

J’ai entendu des interprétations différentes à ce sujet et cela me plait. J’aime qu’il y ait un fantasme autour de cet accessoire.

Africavivre : Vous avez joué au côté de légendes de la musique. Quels sont vos souvenirs les plus mémorables ?

Etienne Mbappé : Un jour, on m’appelle pour me dire qu’il y a une séance en studio de prévu avec Ray Charles. The Genius ! On l’appelait comme cela. Etre avec un tel génie en studio, graver quelque chose avec lui était une bénédiction.

Je me souviens aussi de ma rencontre avec Quincy Jones. J’étais très jeune. Je jouais à l’Orchestre National de Jazz de France. Pour le bicentenaire de la révolution française, avec l’ONJ de France, nous avons été dirigés par Quincy Jones. Aussi, de ma rencontre avec Carlos Santana...

Jeune, je les écoutais tous, ces grands musiciens. Jouer avec eux, a été pour moi la réalisation d’un rêve d’enfant.

Je continue de jouer avec John McLaughlin du groupe Mahavishnu Orchestra. Au contact de ces artistes, on se sent comme un petit enfant. On apprend. On leur laisse raconter leurs histoires avec Milles Davis (rires) … Il y a comme un passage de témoin. Et d’autres musiciens garderont peut-être quelque chose de ma musique.

Je suis de tradition orale. Il n’y a pas de conservatoire en Afrique. J’aime donc beaucoup cette idée de transmission, de musicien à musicien.


ZOOM

Etienne Mbappé répond au questionnaire d'Africavivre

Africavivre : Quel est l'ingrédient indispensable pour concocter une belle musique, selon vous ?

Etienne Mbappé : L’inspiration et l’ouverture.

Africavivre : Quelle est, pour vous, la journée parfaite ?

Etienne Mbappé : Quand j’ai le sentiment d’avoir accompli quelque chose. De ne pas avoir perdu ma journée. D’avoir été un bon père, un bon musicien, un bon ami...

Africavivre : Quel est l'homme ou la femme politique africaine pour laquelle/lequel vous voteriez les yeux fermés ?

Etienne Mbappé : J’allais vous dire Nelson Mandela… je suis embarrassé… Malheureusement il n’est plus vivant...

Africavivre : Dans dix ans, où serez-vous ?

Etienne Mbappé : Je serais quelque part dans le monde. Je continuerai ma vie de troubadour, de porteur de bonne nouvelle et de bon feeling.

Africavivre : Si la musique devait se résumer en un slogan quel serait-il ?

Etienne Mbappé : « La musique, c’est la vie » ou bien : « La musique, langage universel »

Africavivre : Qu'avez-vous prévu de faire demain (le jour suivant l'interview) ?

Etienne Mbappé : Je suis en préparation de mon concert du 1er décembre 2016 au Divan du monde à Paris. Je vais peaufiner quelques arrangements. Et dimanche, nous répétons !

Propos recueillis par Eva Dréano