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Souleymane de Debademba

Chapa Blues / World Village

Un album lumineux porté par le duo guitare/voix Abdoulaye Traoré / Mohamed Diaby au meilleur de sa forme.

« Debademba » signifie « la grande famille » en bambara. Et comme dans toute famille, la cellule minimale de Debademba est un couple uni et solide.

Un duo né d’un véritable coup de foudre artistique formé par le guitariste burkinabè Abdoulaye Traoré et le griot malien Mohamed Diaby.

Ces noms vous semblent familiers ? C’est fort probable si vous écoutez l’émission l’Afrique Enchantée sur France Inter et participez régulièrement à son Bal de l’Afrique Enchantée. Ces deux terribles musiciens constituent la pierre angulaire des Mercenaires de l’ambiance, l’orchestre du bal…

Après un premier album remarqué en 2011, Debademba revient en grande forme avec cet opus. Intitulé « Souleymane », l’album est une véritable ode à la vie et à la musique, une fusion lumineuse et réussie de plusieurs rythmes et styles typiques d’Afrique de l’Ouest, portée avec brio par Abdoulaye Traoré et Mohamed Diaby.

Debademba


Plus personnel et intime que leur premier projet, celui-ci poursuit leur route dans la verve afro-pop mandingue acoustique qui les caractérise. Abdoulaye Traoré y a pris les commandes des arrangements mais aussi des textes et des compositions des onze titres, avec l’aide de Mohamed Diaby sur certains textes. En résultent des éléments de la vie du guitariste comme le titre éponyme de l’album dédié à son fils Souleymane, une ballade dans laquelle il évoque la période d’avenir incertain qui les attend, liée à ses problèmes de papiers. Sensible et juste.

Dans « Djiki », les deux musiciens rendent grâce à la providence qui leur a permis de se rencontrer. Car pour chacun d’eux, cette entrevue fortuite en 2008 aura incarné un tournant décisif dans leur carrière respective.

Au-delà des paroles apaisantes et des thèmes universels évoqués (la solidarité, l’espoir pour le continent africain et ses habitants), « Souleymane » fait preuve une fois de plus de la créativité rythmique et mélodieuse de ce duo hors pair. La voix et les cordes s’amusent, se confrontent, se complètent à merveille, aussi à l’aise sur un beat salsa, afrobeat et mandingue, qu’andalou, blues et jazzy, où Abdoulaye excelle.

À l’ensemble clavier, batterie, basse qui accompagnent le duo, des cuivres et des chœurs (au sein desquelles la magnifique voix de Fafa Ruffino) viennent enrichir les envolées des deux virtuoses sur certains titres.

On en redemande !

Teaser du nouvel album de Debademba « Souleymane »


ZOOM

Debademba, chronique d’une rencontre pré-destinée

Ils étaient destinés à se rencontrer. Abdoulaye Traoré, guitariste burkinabè ayant multiplié les collaborations avec de grands artistes d’Afrique de l’Ouest avant de se faire connaître comme soliste de talent en Europe à partir de 2001, recherche son alter-ego vocal pour monter un groupe.

En 2008, le hasard, les connaissances, et surtout la chance, paramètre déterminant dans ces cas-là, l’amène à croiser la route de Mohamed Diaby, chanteur élevé dans la pure tradition des griots maliens, fils de la célèbre griotte Koumba Kouyaté. Révélé en 2007 par l’émission « Case Sanga », tremplin visuel malien parrainé par Oumou Sangaré en personne, le jeune homme multiplie alors ses prestations en Côte d’Ivoire et en France où il se produit pour des mariages et fêtes traditionnelles mais cherche surtout à rejoindre un groupe.

En deux secondes, c’en est fait. La magie de leur association prend forme et les musiciens eux-mêmes sont surpris par leur créativité. Autour de leur duo saisissant d’harmonie, se monte bientôt le collectif Debademba, porté par Abdoulaye, qui compose ses premiers titres. Devant le succès grandissant de leurs concerts, le collectif enregistre et sort son premier album éponyme en 2011.

Depuis lors, les deux musiciens sont devenus deux artistes incontournables de la scène africaine parisienne. Ils ont enchaîné concerts et tournées et se sont rendu compte du pouvoir festif de leur musique. C’est ce même pouvoir fédérateur auprès des foules et du public que l’on retrouve dans « Souleymane ».

Lola Simonet