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FESTIVAL DES FILMS DE FEMMES DE COTONOU, sous l'impulsion de Cornelia Glele

Le cinéma pour façonner la société

Une première édition d'un festival des films de femmes a vu le jour à Cotonou, du 13 au 17 septembre dernier, grâce à l'initiative de Cornelia Glele, journaliste et blogueuse particulièrement investie, à qui on doit notamment le blog "Écran Bénin".

Réalisatrice, elle a également signé les documentaires "Les tams-tams du silence" et "Blanc-Noir et Heureux", dédié aux enfants albinos.

Passionnée du septième art, Cornelia Glele se montre très consciente des pouvoirs du cinéma pour véhiculer des messages et conduire, peu à peu, vers des changements de société profonds, déclarant ainsi : "On remarque que beaucoup de petites filles, beaucoup de petits garçons copient ce qu'ils voient dans les films. Donc, nous, on se dit : est-ce que la violence ne s'apprend pas dans les films ? Parce que les petits garçons, parfois, apprennent à tirer avec des pistolets, apprennent à frapper dans les films. On a envie de regarder comment le cinéma aborde cette question-là, quelles sont les conséquences sur la société, et comment le cinéma devrait aborder cette question."

 

La compétition officielle fut ouverte à des courts-métrages de moins de 30 minutes, de réalisatrices africaines et sortis après novembre 2017. La section hors-compétition, elle, était ouverte aux courts-métrages des cinéastes femmes du monde, de manière générale. Le festival a aussi compris des Master-Class - dont une animée par la comédienne et directrice d'acteurs Carole Lakossou -, un atelier de jeu d'acteur de trois jours destiné aux enfants de 7 à 12 ans, et la visite de la cité historique de Ouidah.

Entre quatorze films en compétition, "Au-delà de ce mur" d'Aisha Jabour a remporté le premier prix de l'Amazone d'or. Le court-métrage, très plébiscité et qui avait été montré au Fespaco, parle de deux enfants Amazigh qui fantasment sur une star libanaise.

Une soirée a mis à l'honneur la marraine du festival, à savoir Akissi Delta, comédienne et réalisatrice ivoirienne, qui s'est notamment fait connaître avec "Ma famille" et "Ma grande famille".

D'autres invités de marque ont également pu assister au festival ; tels Rufin Mbou, documentariste du Congo-Brazzaville, auteur de "À la recherche du vinyle d'ébène" ; Claire Diao, critique franco-brukinabée, co-fondatrice de la revue "Awotélé" ; Aïcha Macky, réalisatrice nigérienne s'étant fait remarquer avec "L'Arbre sans fruit" ; ou encore Christiane Chabi Kao, scénariste et réalisatrice béninoise, qui dirige, en parallèle, depuis 2009, le festival Lagunimages, sis de même à Cotonou.

Tout en faisant réfléchir à la violence et en mettant en valeur des films béninois ou africains de qualité, l'heureuse initiative de Cornelia Glele a donc permis, aussi, de proposer aux jeunes filles des modèles de femmes émancipées et créatrices, vers lesquelles tendre.

À poursuivre et encourager !

ZOOM

Aïcha Macky, documentariste nigérienne acclamée

Déjà auteure de "Moi et ma maigreur" et "Savoir faire le lit", courts-métrages datant de 2011 et 2013, Aïcha Macky s'est surtout distinguée par "L'Arbre sans fruit", qui aborde le problème de l'infertilité au Niger, un pays qui possède le taux de fécondité le plus élevé au monde, à savoir 7,5 enfants par femme. 

Le film a été récompensé par plusieurs prix - celui du meilleur documentaire aux Africa Movie Awards à Lagos en 2016, la mention spéciale Grand Prix Charles Mensah aux Escales Documentaires à Libreville en 2016, ainsi que le premier prix dans la catégorie "documentaire" au Festicab à Bujumbura, en 2016 également. 

Matthias Turcaud