Essais / afrique

Philosophies africaines : Séverine Kodjo-Grandvaux défend une philosophie nomade

Présence africaine

La philosophie n’est pas enfermement dans la culture ou la langue, mais rencontre et traduction.

Comment peut-on être philosophe sans obligatoirement remonter aux racines de la pensée occidentale ?

Peut-on même envisager une philosophie qui ne soit pas issue de la pensée grecque, c'est-à-dire qui se façonne sans les pré-socratiques comme Héraclite ou Parménide, sans Platon ou Aristote ?

C'est à ces questions que répond Séverine Kodjo-Grandvaux en brossant un panorama des philosophes et des philosophies africaines.

Il est vrai, que vus de France, les philosophes africains sont singulièrement absents des préoccupations européennes, alors qu'il explorent des voies originales.

Severine-Kodjo-GrandvauxLa philosophie est liée au questionnement. Heidegger avait intitulé une de ses conférences "Qu'est-ce que c'est ? La philosophie" pour bien montrer que la philosophie ne se définissait que par cette démarche qui implique forcément curiosité et ouverture à l'autre. Si la philosophie est démarche humaine, elle est donc universelle et, dans ce cas, il faut alors admettre qu'il peut exister d'autres approches philosophiques hors du champ occidental.

Par ailleurs, l'Afrique n'a jamais vécu en vase clos sur le plan de la pensée. La richesse de bibliothèques et de nombreuses disputes spéculatives qui eurent lieu entre l'Ethiopie d'Axoum, l'islam de Tombouctou et le Sénégal restent en mémoire aujourd'hui. Mais si les philosophies africaines ont un héritage riche d'influences diverses (égyptiennes, greco-romaines, éthiopiennes, islamistes...), elles n'ont jamais bénéficié pour autant de reconnaissance et de relais dans la pensée occidentale.

Aujourd'hui encore, l'Europe et en particulier la France est singulièrement absente de cette émergence alors que de nombreux philosophes africains exercent et enseignent en Afrique comme en Amérique. Les milieux philosophiques français seraient-ils moins ouverts que les universités américaines ?

Séverine Kodjo-Grandvaux défend avec passion ces nouveaux philosophes qui méritent aujourd'hui, comme l'Afrique même, une vraie reconnaissance.

C'est aussi un plaidoyer pour une philosophie nomade, qui accepte d'être confrontée à d'autres approches. C'est le concept de traversée ou l'enrichissement se fait "en privilégiant les rencontres, le mouvement, les fusions et les médiations, en multipliant les perspectives et en choisissant de croiser les expériences..." C'est un cheminement philosophique où l'on accepte l'inconnu, les chemins de traverse, la surprise de l'imprévisible que l'on privilégie même délibérément.

Enfin, comment ne pas terminer cette chronique inhabituelle en citant Souleymane Bachir Diagne dans une interview au journal Le Point. Il y évoque la pensée d’Ahmed Baba qui au XVIe siècle à Tombouctou disait déjà que "l'encre des savants est plus précieuse que le sang des martyrs".

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Ce cheminement a tout pour nous plaire, car c'est celui d'Africavivre

L'Afrique est un continent en pleine expansion riche d'une population de plus d'un milliard cent millions d'habitants sur une surface supérieure à l'Inde, la Chine et les États-Unis réunis.

Il y a donc forcément des Africains très talentueux qui seront les références dans leur art dans les années à venir. 

À Africavivre, nous sommes confrontés au quotidien à cette question : où sont les grands artistes du XXIe siècle, les grands créateurs peintres, musiciens, sculpteurs, cinéastes qui nous enchanteront ? Car, si nous sommes certains qu'ils existent déjà aujourd'hui, nous ne savons pas pour autant où ils se trouvent tant ce continent est vaste.

Il nous faut donc aussi être, à notre tour en recherche et accepter l'imprévu. Africavivre est un site d’informations nomade !

À ce propos, vous qui nous lisez ce jour et qui connaissez quelqu'un qui vous paraît particulièrement intéressant, faites-le nous savoir ! Merci d'avance.

Rédigé par 2Biville