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Michael K, sa vie, son temps de J.M. Coetzee

Seuil

Kafka sur le rivage sud-africain.

Michael K., sa vie, son temps, c’est d'abord l'histoire d'un jardinier un peu faible d'esprit, un de ces Hommes qui se font baloter par la vie sans opposer la moindre résistance.

Licencié de son poste dans les Parcs publics du Cap, il décide de raccompagner sa mère vieillissante loin du Cap, à Prince Albert, où elle passa sa jeunesse et où elle souhaite couler ses derniers jours.

Mickael K., c’est aussi l’histoire d’un pays impossible à traverser tant les barrières physiques et humaines semblent contrarier le projet des deux protagonistes.

Michael K., c’est enfin un style purement kafkaïen, à la limite du fantastique ou de l’absurde. Outre Kafka, il y a un peu de Beckett derrière ces personnages qui marchent comme Vladimir et Estagon attendent Godot, sans conviction, ou plutôt avec la certitude que ce qu’ils espèrent ne se réalisera pas. 

JM Coetzee

J.M. Coetzee a obtenu deux fois le prestigieux Prix Booker, en 1983 pour Michael K, sa vie, son temps et en 1999 pour Disgrâce.


Comme dans d’autres romans de Coetzee (Disgrace notamment), le récit est basé sur des personnages qui n’ont pas la possibilité de s’établir à un endroit précis. Chômage, pression sociale, tout est fait pour que ces Hommes prennent la fuite.

Cette fuite est symbolique chez Coetzee, lui qui vit en Australie, qui a plusieurs fois déclaré se sentir plutôt comme « un écrivain occidental en Afrique du Sud ».

Le style froid et distant de Coetzee peut paraître déconcertant à un lecteur non averti mais une fois cet univers devenu familier, on a clairement la sensation de lire l’œuvre d’un vrai maître de la littérature.

ZOOM

L’évocation de l’Apartheid dans le roman

Si Coetzee a un talent, c’est celui de ne pas nommer les choses telles qu’elles sont et de toujours les évoquer de manière allusive.

C’est le cas de l’Apartheid dans le roman. Ainsi, bien que tout semble indiquer que Michael est noir ou métisse, cet élément n’est explicité à aucun moment et le récit n’est pas construit sur l’opposition Noir/blanc. 

De même, le régime lui-même n’est pas évoqué de manière factuelle. Tout se passe comme si Coetzee ne se conformait jamais à la réalité historique. On avance dans un contexte d’opposition sociale mais sans que les lois raciales ne soient clairement évoquées, de contrôle systématique des va-et-vient mais sans parler des pass laws.

Romain Dostes