HS Télérama Spécial Afrique du SudMagazines / Afrique du Sud
4 etoiles
Afrique du Sud 2013, saison culturelle
Télérama hors-série
L’une des scènes artistiques les plus dynamiques au monde.

 

Ecrivains, danseurs, photographes… L’Afrique du Sud est en effervescence et les artistes reconnus internationalement sont de plus en plus nombreux.

Jusqu’ici réputée essentiellement pour ses chanteurs, de Johnny Clegg à Miriam Makeba, ou pour son grand écrivain J.M. Coetzee, la scène artistique sud-africaine foisonne aujourd’hui de nouveaux noms qui véhiculent une nouvelle vision de leur pays, à la fois plus sombre et plus dynamique.

Ce numéro de Télérama fait la part belle à quelques-uns de ces artistes marquants, et tente à chaque fois de comprendre ce qu’ils ont à raconter sur l‘histoire si particulière d‘un pays à peine remis de l‘Apartheid.

20 ans après l’Apartheid, le vivre-ensemble sans cesse remis en question

Avec sa croissance économique record, son attractivité touristique et ses villes bouillonnantes, l’Afrique du Sud semble de l’extérieur avoir tiré un trait sur son passé et aller de l’avant.

Heureusement, les artistes sont là pour rappeler les failles d‘un pays qui peine à se remettre d’un régime aboli il y a vingt ans à peine. A commencer par les photographes.

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Pieter Hugo, photographe des marges de l'Afrique


Pieter Hugo
est passé maître dans le portrait des laissés-pour-compte de son pays, essentiellement au sein de la population blanche, en proie à une réelle paupérisation et à une perte de repères identitaires.

Nomusa Makhubu se penche quant à elle sur les démons du passé. En projetant des images de femmes noires vivant pendant l’Apartheid sur son propre portrait, elle remet en perspective le présent, qui ne semble pouvoir se lire qu’à travers le filtre de cette épisode traumatique.

La violence, un thème omniprésent

En littérature, un thème cristallise toutes les préoccupations au point de façonner complètement la vision que l’on se fait de l’Afrique du Sud : la violence.

Thème sourd et latent dans l’œuvre des 5 piliers de la littérature sud-africaine (Paton, Nadine Gordimer, André Brinck, Breyten Breytenbach et J.M. Coetzee), elle se matérialise de plusieurs façons.

Dans l’œuvre du maître du polar, Deon Meyer, on la ressent avant tout dans le climat d’extrême tension sociale, toujours au bord de l’implosion.

Chez l’écrivain Roger Smith, elle se concrétise comme une succession de drames personnels chez une grande majorité de ses compatriotes. Lui-même très touché par l’assassinat du frère de sa femme par un gang du Cap, il regrette que ce soit doucement implantée une « culture de la violence », au point d’être considérée comme la normalité.

 


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Mary Sibande, une artiste exemplaire de la scène sud-africaine

On aurait pu en sélectionner plusieurs, mais une artiste en particulier résume cette nouvelle identité de la scène artistique sud-africaine, à la fois hyper-innovante et très politisée : Mary Sibande.

Cette touche-à-tout, à la fois plasticienne, photographe et sculpteur, est surtout connue pour ses représentations de bonnes, sous forme d’affiches géantes ou d’happenings, dans des costumes aux couleurs criardes.

Sophie, le personnage porteur de l’uniforme qu’elle a inventé, est le symbole de toutes les femmes de sa famille, domestiques de génération en génération.

Sa propre histoire familiale et cet héritage interrompu est à l’image du pays tout entier, en train de se réinventer avec son lot de souffrances et de tensions, mais avec un formidable espoir en l’avenir.

 Romain Dostes

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Il est la révélation du film. Et comme son personnage, il a été repéré par le réalisateur Samuel Collardey au Sénégal.

Sans expérience et novice au cinéma, le jeune acteur est pourtant touchant de vérité. S’appelant aussi Mytri, similitude troublante une fois de plus, on dirait que ce rôle a été écrit pour lui.

Espérons que son parcours ressemblera également à celui de son personnage, et qu’il rencontrera le succès.

L.S.