Poèmes / Sénégal
Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française de Léopold Sédar Senghor Presses Universitaires de France « Et maintenant, chantent les Nègres ! »
Publié en 1948, à l’occasion du centenaire de l’abolition définitive de l’esclavage et de l’institution de l’instruction dans les colonies, ce recueil de poèmes est la pierre de touche du géant édifice de la Négritude.
Le projet de cette anthologie est en effet de mettre en avant la parole du peuple noir et d’ « apporter leur contribution à l‘humanisme français d‘aujourd‘hui qui se fait véritablement universel parce que fécondé par les sucs de toutes les races de la terre ».
L’ambition est aussi de donner la parole à un peuple plongé dans une période de « régression que constituèrent le Second Empire et la Troisième République », comme l’indique Senghor dans son introduction.
La parole à tout le peuple noir
L’ouvrage, divisé en 6 chapitres correspondant à autant de régions du monde noir et francophone (Guyane, Martinique, Guadeloupe, Haïti, Afrique Noire, Madagascar), permet à la fois de révéler certains poètes et d’autres déjà reconnus.
Parmi eux se distingue Aimé Césaire, dont les lignes suivantes, issues du Cahier d‘un retour au pays natal résument à elles seules la frustration et l’intériorisation d’un discours sur l’infériorité du peuple noir :
« Ceux qui n’ont inventé ni la poudre ni la boussole Ceux qui n’ont jamais su dompter la vapeur ni l’électricité Ceux qui n’ont exploré ni les mers ni le ciel Mais ils savent en ses moindres recoins le pays de souffrance Ceux qui n’ont connu des voyages que de déracinement Ceux qui se sont assouplis aux agenouillements Ceux qu’on domestiqua et christianisa Ceux qu’on inocula d’abâtardissement »
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