L’Immeuble Yacoubian de Marwan Hamed

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L_Immeuble_YacoubianFilms / Egypte
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L’Immeuble Yacoubian
de Marwan Hamed
Good News Group
L’adaptation au cinéma du roman à succès d’Alaa’ Al-Aswany.

 

Même si cette fresque de près de trois heures a un côté kitsch, l’ambiance que Marwan Hamed réussit à installer permet de restituer fidèlement l’esprit du roman d’Al-Aswany.

L’Immeuble Yacoubian, allégorie de la société égyptienne des années 1990

Comme dans le roman éponyme d’Alaa’ Al Aswany, l’Immeuble Yacoubian concentre et symbolise tous les maux de l’Égypte des années 1990. A l’un des étages vit un journaliste brillant et polyglotte. Homosexuel, il incarne un tabou d’une société recroquevillée sur elle-même.

Son amant, jeune travailleur qui vit sur le toit, où sont réunis les plus miséreux, est lui le symbole de la compromission auxquels sont contraints les plus faibles.

Taha, bon élève qui rêve d’intégrer la police, refuse quant à lui le compromis. Aux oraux de son concours, il est recalé du fait de sa situation sociale. Ce traumatisme le conduira vers un radicalisme religieux et à intégrer les cercles d’une organisation islamique.

Sa petite amie, Boussaïna, met en lumière le machisme de la société égyptienne. Vendeuse, elle est obligée de laisser libre court aux fantasmes de ses différents patrons.

Cet immeuble est donc le paradigme d’une société compartimentée, aux classes sociales très clivées.

En insistant sur la nostalgie des personnages, et en plaçant une scène de flash-back au tout début du film, le réalisateur décrit avec talent la lente déliquescence d’une Égypte autrefois opulente, cosmopolite et libérée.

 

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Alaa’ Al-Aswany, l’écrivain du roman adapté au cinéma

Son roman L’immeuble Yacoubian s’est tout de suite imposé comme une référence dans le monde arabe.

Auteur lucide et sans concession vis-à-vis des représentants de son pays, il s’engage activement dans la Révolution de 2011, en publiant notamment ses Chroniques de la Révolution égyptienne.

Adapté par Jean-Louis Martinelli au Théâtre des Amandiers, à Paris, sous le titre évocateur J’aurais voulu être Égyptien, ce texte est une preuve de plus de la puissance des images qui se dégagent des textes d’Al-Aswany.

Romain Dostes

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