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Films / Sénégal

Comme un lion de Samuel Collardey

Lazennec 3 et Arte France Cinéma « Comme un lion » ou les tribulations de Mytri, adolescent sénégalais qui rêve de devenir footballeur professionnel en Europe.

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Comme un lion est un film réaliste, proche du documentaire, qui pointe du doigt les filières scandaleuses du recrutement des jeunes joueurs africains en France, tout en racontant avec intelligence et finesse la rencontre universelle de deux solitudes : Mytri, abandonné à son sort, et un ancien footballeur professionnel aujourd’hui ouvrier, bourru et attachant.

Âgé de quinze ans, Mytri est repéré dans son village sénégalais par un agent de football qui propose à sa grand-mère de lui faire faire des essais dans des grands clubs français en échange d’une grosse somme d’argent.

Endettée jusqu’au cou, la grand-mère accepte de l’envoyer en France. Mais une fois arrivé à Paris, rien ne se passe comme prévu et Mytri se retrouve seul dans un stade de football vide, lâchement abandonné par le complice de l’agent véreux.

Pris en charge par les services sociaux, le gamin est placé en foyer de jeunes à Montbéliard où il s’impose très vite dans l’équipe de football locale, dirigée par un ancien footballeur professionnel, aujourd’hui ouvrier chez Peugeot…

Une trame de scénario simple et efficace, des acteurs épatants de justesse, notamment le jeune novice Mytri Attal, et une caméra qui suit ses personnages au gré de leur histoire, à la manière d’un documentaire. Ce sont là les ingrédients gagnants de ce film aux ambitions multiples.

Au-delà de la dénonciation de l’exploitation internationale de centaines (combien sont-ils exactement ?) de jeunes africains sacrifiés sur l’autel de « l’eldorado footballistique européen », le réalisateur Samuel Collardey fait le choix d’installer son récit dans une région ouvrière que l’on sait en crise.

Faute de n’avoir pas réussi sur les terrains professionnels du FC Sochaux, l’entraîneur de Mytri est ouvrier à l’usine Peugeot, comme son père avant lui. Amer, bourru, mais bien évidemment « grand cœur », il se battra pour donner à Mytri sa chance et casser les codes de la reproduction sociale.

Du grand art, un petit bijou de cinéma social, dans la veine d’un Ken Loach.

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Mytri Attal, vers une carrière au cinéma ?

Il est la révélation du film. Et comme son personnage, il a été repéré par le réalisateur Samuel Collardey au Sénégal.

Sans expérience et novice au cinéma, le jeune acteur est pourtant touchant de vérité. S’appelant aussi Mytri, similitude troublante une fois de plus, on dirait que ce rôle a été écrit pour lui.

Espérons que son parcours ressemblera également à celui de son personnage, et qu’il rencontrera le succès.

Lola Simonet

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