Ma Mère était une très belle femme de Karlien de Villiers

Partager cet article

 

Ma_mere_etait_une_tres_belle_femmeBandes dessinées / Afrique du Sud
3_etoiles
Ma Mère était une très belle femme
de Karlien de Villiers
Aux Editions Ca et Là
Une bande dessinée faussement naïve pour raconter l'histoire d'une famille blanche faussement bourgeoise, aux dernières heures de l’apartheid.

 

Un dessin naïf, un regard de petite fille et une distance d'adulte : Ma Mère était très belle fait le tour d'une famille d'Afrikaners sur fond de « troubles historiques ».

Cette autobiographie de Karlien de Villiers en images nous plonge dans un univers à la fois violent et adouci par le dessin, décalé par les questions candides de l'auteur/personnage.

Inspiré de Persepolis de Marjane Satrapi, Karlien fait le deuil de sa mère en rassemblant ses souvenirs d'enfance.

Les chapitres chronologiques apparaissent comme de véritables albums photos où sont collés intelligemment des morceaux de vie, des anecdotes historiques, des tensions raciales aux conflits familiaux.

Née en 1975 au Cap, elle grandit avec ses parents et sa sœur, famille de classe moyenne, où l'on pense  que les noirs sont tous communistes, et que les stars du rock sont satanistes.

C'est aussi l'époque où les gens vivent séparés par un mur, et où chacun vit à sa place sans se poser trop de questions.

A cela s'ajoutent d'autres incompréhensions pour la petite fille : le divorce de ses parents, pratique toujours choquante pour la très chrétienne communauté Afrikaan, et la mort de sa mère à la suite d'un cancer. Karlien avait alors onze ans.

Page après page, les joies de l'enfance disparaissent pour faire place à la peur, le sentiment d'abandon et de froideur familiale. Miroir d'une société fragilisée par la division et le refus de l'autre. « Maman, pourquoi tout le monde est contre nous ? ».

Un récit instructif, des dialogues ciselés pour une bd réussie et une belle découverte !

Lire un extrait

zoom

Une thérapie personnelle...

Karlien n'avait jamais reparlé de sa mère depuis son décès en 1987. Un jour où sa sœur lui rend visite à Pretoria en 2003, elles en reparlent et les souvenirs se bousculent. Elle est alors illustratrice free-lance.

Coucher sur le papier ces morceaux de vie d'enfant a d'abord été un moyen de ne pas oublier le passé, le visage et les attitudes de sa mère. Il a fallu se battre avec la vision romantique que Karlien avait conservé d'elle pour la décrire sous son vrai jour, désidéalisée et passive face à l'apartheid.

A cette histoire de famille, Karlien a ajouté une vision de l'Histoire telle qu'elle a vécu enfant. « Je voulais juste montrer, à travers le regard d'une enfant, que des gens ordinaires, comme mes parents, profs, etc., considéraient les idées et les valeurs de l’apartheid comme normales. Quand j'étais jeune « parce que c'est comme ça » était la réponse récurrente à toute question d'ordre politique ».

Faute d'éditeurs en Afrique du Sud, Karlien de Villiers publie son roman graphique en Allemagne en 2006, puis en Espagne et en France en 2007 et enfin en Italie en 2009.

Marie-Alix Saint-Paul
en-vente-a-la-boutique-africavivre

​ 

Article précédent
Inyenzi ou les cafards de Scholastique Mukasonga
Article suivant
L'histoire véridique de Makhtar de Dominique Sarr
 
Ajouter un Commentaire
Code de sécurité
Rafraîchir